"Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et
aveugles à votre bien !.
Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre
revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des
vieux meubles de vos ancêtres !
Vous vivez de telle sorte que rien n'est plus à vous.
Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu'on vous
laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies."
La Boétie - Discours sur la servitude volontaire - 1549
"Le Discours de la servitude volontaire constitue une remise en cause de la légitimité des gouvernants, que La Boétie appelle « maîtres » ou « tyrans ». Quelle que soit la manière dont un tyran s'est hissé au pouvoir (élections, violence, succession), ce n'est jamais son bon gouvernement qui explique sa domination et le fait que celle-ci perdure. Pour La Boétie, les gouvernants ont plutôt tendance à se distinguer par leur impéritie. Plus que la peur de la sanction, c'est d'abord l'habitude qu'a le peuple de la servitude qui explique que la domination du maître perdure.
Ensuite vient l'idéologie (que Marx appellera opium du peuple) et les superstitions.
Mais ces deux premiers moyens ne permettent de dominer que les ignorants. Vient le « secret de toute domination » : faire participer les dominés à leur domination. Ainsi, le tyran jette des miettes aux courtisans.
Si le peuple est contraint d'obéir, les courtisans ne doivent pas seulement obéir, mais devancer les désirs du tyran. Aussi, ils sont encore moins libres que le peuple lui-même, et choisissent volontairement la servitude.
Ainsi s'instaure une pyramide du pouvoir: le tyran en domine cinq, qui en dominent cent, qui eux-mêmes en dominent mille... Cette pyramide s'effondre dès lors que les courtisans cessent de se donner corps et âme au tyran. Alors celui-ci perd tout pouvoir acquis."
source : wikipédia